Exposition “Le vin des amants”

Tour Philippe le Bel, Villeneuve lez Avignon du 25 avril au 31 mai 2009

Bernard Lacombe Martine Gasnier

Inauguration de l’exposition de Villeneuve lez Avignon le 25 avril 2009. Au centre M. le maire, à sa gauche Bernard Lacombe, à sa droite Martine Gasnier.

Bernard Lacombe, une peinture mallarméenne.

Nées d’une petite histoire “Le vin des amants”, texte de Martine Gasnier, les images de Bernard Lacombe au-delà de ce qu’elles représentent suscitent l’énigme. La vigne, le vin sont là comme des évidences mais lorsqu’il s’agit des amants la peinture provoquent des vagues d’échos sensibles. Et l’on s’égare. Et l’on songe à Mallarmé.

La chair est triste, hélas! et j’ai lu tous les livres. – Fuir! là-bas fuir! Je sens que des oiseaux sont ivres “

Le chagrin s’est emparé des êtres. Les animaux, chien, éléphant sont les témoins compatissants et attentifs de leurs regrets, de leurs doutes, de leurs renoncements. L’esprit du vin flotte encore au dessus des tonneaux et à l’horizon du lieu de l’absence. Comme dans la chanson des Rita Mitsouko, “jusqu’à y crever leurs forces” les amants “pour le pire et le meilleur, marchent sans sourciller d’un pas irrégulier”. Parfois vautrés, anéantis, souvent enlacés et sublimes, ils errent sur les chemins de l’ivresse bordés des feuilles de la vigne aux couleurs vermillon et vert véronèse, de ses fruits juteux en grappes lourdes. D’un côté le simple et idéal paradis aux parfums et couleurs connus. De l’autre, l’univers scellé des amants si intimement proches mais qui se cherchent encore.

Vertige des sensations, puissance de l’incertitude, la passion est un bouquet qui se fane tôt ou tard. Le vin peut-être long en bouche toutefois ; et le corps qui s’efface, les sens en alerte se souviennent du miracle des promesses amoureuses. La boisson des dieux est alors une liqueur. Quand elle est bue, le verre conserve toujours la trace de ses larmes. Mais pour Bernard Lacombe le néant est le point de départ qui conduit au Beau. Il fait du langage allégorique un expressionnisme éminemment moderne. La suggestion qui est au fondement de sa peinture ouvre sur les coulisses de l’existence, dévoile les splendeurs déroutantes et souvent paradoxales qui s’agitent derrière la scène. Comme la chambre des amants fermée sur elle même, l’oeuvre est un espace clos qui résonne du sens mystérieux des aspects de la vie. Comme l’ivresse, et à l’égale de la poésie, la peinture est ici encore, un langage en quête de “son rythme essentiel”. Bernard Lacombe a une tâche à remplir, résister aux lieux communs, inverser les images, briser les moules. Sa peinture à contre-courant des tendances, est au risque de déplaire une recherche dont les moyens sont exclusivement plastiques et le but spirituel.

Catherine Plassart

avril 2009